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Photo du rédacteurRaoul Salzberg

Babi Yar aujourd'hui




Chers Serge et Beate,


Je suis 100 % d'accord avec l'article de Arno Klarsfeld dans le dernier bulletin de l'association FFDJF (les Fils et Filles des Déportés Juifs de France) que vous dirigez et dont nous sommes fiers d'être membres. Nous allons renouveler notre cotisation pour 2023. Nous restons toujours aussi admiratifs de votre action, malgré nos désaccords à propos d'Israël..


La tradition antisémite perdure en Ukraine.


L'article d'Arno Klarsfeld, intitulé "Il faut cesser de glorifier les nationalistes ukrainiens" reprend les dernières mesures de la municipalité de Kiev :


En 2014, la longue avenue qui mène au site de Babi Yar (qui certes s'appelait l'avenue de Moscou) a été rebaptisée avenue Stepan Bandera, dont les fidèles ont assisté les nazis dans l'extermination de plus de 30000 juifs, hommes, femmes et enfants dans le ravin de Babi Yar, les 29 et 30 septembre 1941, lorsque les troupes allemandes, accompagnées des Einsatzgruppen, sont entrées dans Kiev.

Une autre avenue a été rebaptisée Roman Shukhevych, autre massacreur de juifs et dont un stade porte le nom dans la ville de Ternopil.


Le tribunal administratif du district de Kiev avait ordonné à la municipalité d'annuler le changement de nom de ces 2 rues. Mais le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a fait appel de cette décision et la cour d'appel lui a donné raison.


A Lviv, il y a encore deux ans, des centaines d'hommes ont défilé en uniformes SS lors d'un évènement approuvé par la ville.


Au moins 3 municipalités ukrainiennes ont dévoilé des statues pour l'adjoint de Bandera, Yaroslav Stetsko qui, pendant la Shoah, approuvait l'extermination des juifs. La devise des nationalistes ukrainiens affichée dans les rues de Kiev en 1941 était : "Tes ennemis sont la Russie, la Pologne et les youpins".


Comment l'Ukraine d'aujourd'hui peut-elle apporter son soutien à de tels monstres ?


Les juifs seraient donc des victimes collatérales des soubresauts de l'Histoire. L'Europe, l'Union européenne s'est bâtie sur la victoire sur le nazisme. Elle doit s'en souvenir.


Bravo à votre fils, Arno Klarsfeld.


Félicitations aussi à Philippe Benguigui, qui a fondé l'association Zakhor, pour perpétuer la mémoire de la Shoah, président d'une association qui entretient le souvenir du camp de Rivesaltes (Pyrénées Orientales), surnommé le "Drancy de la zone Libre". Je suis moi-même un rescapé de ce camp, y ayant été interné 9 semaines en 1942..


Quant-à la polémique à propos de la médaille de la ville de Perpignan que vous avez reçu du maire RN de cette ville, Louis Aliot, candidat à la présidence du parti d'extrême droite, je dirai ceci : Le RN de Marine Le Pen, continuateur de son père Jean-Marie Le Pen, reste une honte pour l'Humanité, même si Louis Aliot cherche à gommer certains aspects sulfureux comme le grand remplacement ou l'exonération du régime de Vichy de sa responsabilité dans l'extermination des juifs. Je ne suis pas d'accord pour pactiser avec le RN, même avec ceux qui s'en détachent un peu. Si Louis Aliot veut rester sincère, il doit quitter le RN. De plus, il continue à défendre la préférence nationale, que je condamne vigoureusement. Je reste un internationaliste invétéré, et condamne toute forme de nationalisme, qui ne peut mener qu'à des guerres, comme le prouve le conflit en Ukraine (Poutine a eu tort de déclencher cette guerre impérialiste, mais les impérialistes occidentaux ont tort de mettre de l'huile sur le feu en ne proposant pas l'arrêt du conflit selon un accord négocié).


Mon grand-père paternel était chapelier à Ladizjin, petite ville à côté de Kiev, et a dû fuir les pogroms en 1905, pour se réfugier à Vienne, capitale de l'empire d'alors Austro-Hongrois.


Très amicalement.


Raoul Salzberg, fils de parents juifs réfugiés en France, né à Marseille en février 1942, arrêté avec ses parents par la Milice en août 1942, dans un autobus à Annemasse (alors que nous cherchions à nous réfugier en Suisse) et interné manu militari dans le camp de Rivesaltes (d'où sont partis 6 convois vers les camps de la mort, 1750 de ces déportés ne sont pas revenus). 



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